jeudi 1 mai 2008

Être quelqu'un d'autre

Toute mon enfance je disais que je voulais être couturière ou dessinatrice et auteure de livres pour enfants. C'est sûr que j'ai toujours été attirée parce qui a trait aux arts sauf que ce n'est pas pour ça que j'avais choisi ces métiers.

Très jeune, j'ai compris que pour être reconnue auprès des autres, je devais être quelqu'un d'autre. Je ne pouvais pas avoir mes rêves à moi. Si je voulais être couturière, c'est parce que ma grand-mère l'était et si je voulais écrire et dessiner, c'était parce que mon père dessine très bien et que je lisais les livres des Baby-Sitter. J'avais carrément copié le rêve de Marjorie qui était une de mes héroïnes préférées. Mon père et ma grand-mère étaient fiers que je veule faire comme eux. Je le voyais quand on en parlait.

C'est là que j'ai commencé à "me manipuler" pour être ce que les autres attendaient que je sois. J'étais un clown, une artiste, un génie... Nommez-les et je l'étais en moins de 5 minutes. En-dedans je savais que ce n'était pas moi mais je n'ai jamais su qui j'étais vraiment. Ça payait d'être quelqu'un d'autre alors j'ai continué.

Je me rappelle en secondaire 2, mon enseignante d'anglais disait qu'elle aimait le groupe Kiss. Aussitôt que je suis retournée chez moi, j'ai emprunté un disque de Kiss à mon père, je l'ai écouté plusieurs fois et j'ai recopié le dessin de la pochette en me dépêchant de le montrer à mon enseignante. Je voulais lui montrer que j'étais cool et que je savais de quoi elle parlait.
Personne n'a jamais vu que je me forçais pour être quelqu'un d'autre. D'ailleurs, ça m'énervait quand je voyais des gens qui le faisaient. Peut-être parce que j'étais tellement habituée de le faire que je voyais clair dans leu jeu.

Mes parents ont toujours eu plus d'égard pour ma soeur que pour moi. À l'extérieur, souvent, c'était moi à moi que les gens parlaient parce que j'étais plus âgée qu'elle (je le suis encore:P) et que, sans vouloir me vanter, j'étais plutôt mature. Non. Je n'étais pas mature. J'avais peur de mon père. Différence. Je devais être calme, sinon c'était un serrage de bras ou une claque. Bref, à l'extérieur de la cellule familiale, j'étais appréciée. J'ai donc appris à voir ce que les gens aimaient, à m'y intéresser, à devenir ce qu'ils croyaient que j'étais...

J'ai étudié au CÉGEP que mon père avait choisi pour moi. J'ai étudié dans le même domaine que ma mère.J'ai même fait une session en travail social en pensant que les gens me verraient comme une bonne personne parce que je voulais aider les autres. J'ai renoncé à m'inscrire en fleuristerie quand j'ai vu que mon père ne trouvait pas que c'était un métier honorable.
Maintenant, en 2008, qui suis-je? Je ne sais toujours pas. Maintenant que j'essaie d'être moi-même, on dirait que les gens sont moins intéressés. Étrangement ça ne me dérange pas. C'est quand même dur d'être soi-même et de s'assumer. Je travaille là-dessus mais l'habitude reprend le dessus tellement vite.

Ça me fait tout drôle d'écrire ça. J'ai l'impression que vous pensez que je suis une personne fausse. Vous voyez? J'ai vraiment peur de ce que les gens peuvent penser de moi. Vraiment peur. Quoiqu'il en soit, sur ce blog, c'est la vraie moi.

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